L'Écoute comme Langue Première
- Armando Cruz - Fragmentos do Verbo

- 4 juin
- 1 min de lecture

Avant même de prononcer un mot, nous avons écouté. Dans le ventre maternel, déjà, le monde nous parvenait par les vibrations, les sons étouffés, les battements d’un cœur qui n’était pas encore le nôtre. L’écoute précède la parole. Et pourtant, dans notre vie adulte, elle est souvent reléguée, oubliée, réduite à une fonction passive, alors qu’elle est un acte radical : écouter, c’est s’ouvrir à l’autre, c’est suspendre notre propre bruit intérieur.
Comme professeur de langues, je remarque que ceux qui apprennent à écouter avant de parler sont souvent ceux qui, plus tard, parlent avec une justesse étonnante. Ils ont compris que chaque langue est une musique et que pour la jouer, il faut d’abord en capter le rythme, les silences, les harmoniques. L’écoute est un apprentissage de la nuance.
Mais écouter, ce n’est pas seulement entendre. C’est aussi percevoir ce qui n’est pas dit, ce qui est laissé en suspens. C’est comprendre qu’un silence peut être une phrase entière, qu’un soupir peut porter un verbe conjugué à l’imparfait du cœur.
Dans Fragmentos do Verbo, nous croyons que toute langue commence dans l’écoute. Que la parole authentique naît de cette disponibilité intérieure. Apprendre une langue, c’est donc aussi apprendre à se taire, à recevoir, à accueillir. C’est faire de la langue un lieu d’hospitalité.
Alors, avant de parler, écoutons. Avant d’enseigner, écoutons. Avant de traduire, écoutons. Car dans cette écoute première, réside déjà tout le mystère du verbe.




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